Une des premières structures de formation en agriculture et en élevage au sud du pays, dans la commune de Niamone (département de Bignona), le centre de Guérina, créé au lendemain des indépendances, est en quête d’une renaissance. Fermée depuis des années, cette structure a redémarré ses activités cette année avec une formation des formateurs qui réunit une vingtaine de personnes.
Par Jonas Souloubany BASSENE (Correspondant)
BIGNONA – Créé en 1963, sous l’appellation de Centre du nouveau paysan, le centre de Guérina, dans le département de Bignona, est établi sur une superficie de 100 hectares. « L’objectif était d’adopter de nouvelles techniques agricoles, surtout avec la culture attelée (utilisation des animaux dans l’agriculture). À l’époque, cela se faisait avec l’aide des bovins », se souvient Seyni Sambou, porté, cette année, à la tête de cette structure de formation agricole. Beaucoup d’agronomes sénégalais sont sortis de ce centre. Des paysans pilotent également. « Il s’agit des producteurs qui ont l’habitude d’innover. Ceux qui se sont le plus distingués dans leur contrée. Ils bénéficient d’une formation dans le centre pendant 6 mois », a expliqué M. Sambou. « Une fois en fin de formation, ces paysans pilotes recevaient une dotation en équipements et intrants grâce à l’appui du Bureau international du travail (Bit) », informe Seyni Sambou.
Mais avec la réforme intervenue en 1983, il a été mis fin à cette ouverture vers le monde rural, a indiqué Seyni Sambou. Le centre de Guérina devient uniquement une structure de formation de formateurs. Les critères d’entrée étaient fixés comme suit : « Il fallait d’abord obtenir le Brevet technique, en élevage, agriculture, eaux et forêts, et avoir une ancienneté de cinq années dans la profession », rappelle le Directeur du centre. C’est ainsi que la structure est devenue l’un des leviers essentiels de l’encadrement au profit des acteurs du monde rural.
Malheureusement, à partir de 1991, le centre cesse de fonctionner. Cette léthargie va durer 32 ans, jusqu’en 2023. Une situation qui peut s’expliquer, de l’avis de son Directeur actuel, par des choix effectués concernant la politique agricole au Sénégal. « Il n’y avait pas d’écoles de formation des agriculteurs et des éleveurs. Ensuite, c’était le Ministère de l’Agriculture qui recrutait. Seuls les agents ayant 5 ans d’expérience avaient la possibilité de faire l’agriculture », précise M. Sambou.
La renaissance après une longue léthargie
Le centre de Guérina veut retrouver une ère nouvelle. Une formation de formateurs des élèves maîtres en agriculture et élevage y est initiée, cette année. D’ailleurs, les bâtiments sont en cours de réhabilitation. Les pensionnaires, après une formation d’une durée d’un an, sortent comme formateurs, renseigne le Directeur du centre. Cependant, Seyni Sambou dit être confronté à quelques difficultés. Il cite notamment le déficit de logistique, car il ne dispose pas encore de véhicule pour prendre en charge le déplacement du personnel. Pour les travaux pratiques, le centre souhaite bénéficier d’un matériel roulant adéquat comme des tracteurs ou moissonneuses-batteuses « essentiels dans la formation en agriculture ».
Malgré tout, les pensionnaires du centre s’attèlent à bien maîtriser les enseignements-apprentissages. Dans l’une des salles de l’établissement, une cohorte de 20 personnes suit et interagit avec Jean Claude Badji, formateur en production animale. Le quantum horaire de ce cours est de 28 heures au total. L’enseignant essaie, au maximum, de donner des connaissances dans certains domaines tels que l’ostéologie, la physionomie animale et l’éthologie. « Je fais tout mon possible pour qu’ils posent beaucoup de questions, car ils sont appelés à transmettre cette connaissance demain sur le terrain », explique M. Badji, par ailleurs agent à l’Agence nationale de conseil agricole et rural (Ancar).
Mohamed Abdallah Bâ, élève-maître, suit avec attention les enseignements de M. Badji. Selon M. Bâ, ces cours sont juste une manière de faire la restitution du savoir acquis depuis trois ans sur le terrain en tant qu’agriculteur. Aujourd’hui, sous la tutelle du Ministère de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Insertion, le Centre de formation agricole de Guerina, créé pour assurer la formation des formateurs dans les divers secteurs de l’agriculture, ainsi que le perfectionnement des producteurs, se bat pour renouer avec son lustre d’antan. Avec un nouveau référentiel de formation, la tutelle a jugé nécessaire de donner la chance à toutes les personnes titulaires du Brevet technique en agriculture, en élevage ou eaux et forêts et aux bacheliers de la série S4 (Sciences et technologie de l’agriculture et de l’environnement), la possibilité d’intégrer cette structure à travers un concours.
Source : https://lesoleil.sn/bignona-le-centre-de-formation...